La bibliothèque de mon père

À cette époque-là, on lisait beaucoup chez moi. Ce week-end-là j’avais choisi un livre bleu avec des marques dorées sur son front mais ce que je ne savais pas était que ce livre n’était pas comme les autres. Au moment où je l’ai ouvert j’ai entendu un cri qui provenait du couloir.
Encore une fois j’ai entendu le cri, et cette fois-là il provenait de la bibliothèque. J’ai commencé à courir vers là mais je suis arrivée trop tard, je n’ai vu personne. Mon père est rentré du travail et comme d’habitude avec des bonbons pour moi et nous sommes partis vers le cimetière. Ce jour-là il pleuvait beaucoup, cependant nous avons laissé des fleurs sur la tombe de maman. Je suis allée vers la bibliothèque mais juste au moment où j’allais rentrer dedans, j’ai eu peur, pendant le reste de la semaine j’ai évité la majestueuse bibliothèque, avec seulement ce livre bleu pour me tenir compagnie. C’était le livre dont on m’avait parlé toute ma vie.

Pseudònim: Libena Rosa

La vie

Si ça se trouve, la vie, c’est comme une représentation théâtrale.
Nous croyons avoir des tas de choses importantes à faire, nous croyons choisir vraiment notre vie alors qu’en fait, nous nous contentons de jouer un rôle, qu’il soit à notre mesure ou non, qu’il soit à notre goût ou pas. On naît, on meurt. On n’y coupe pas. Et ce qu’il y a entre ces deux termes se déroule sur les planches de l’existence.
Parfois, nous avons droit à des bravos, voire des bis et parfois, nous nous faisons huer, siffler, voire carrément éjecter de la scène par la Camarde. Et pas parce que l’on a été mauvais dans notre rôle, pas du tout. Il paraît même que ce sont toujours les meilleurs qui partent les premiers. Je trouve que ce n’est pas gentil pour le troisième âge de dire ça. Ben oui, si c’était vrai, cela voudrait dire que ceux qui restent sont les moins bons. À tout prendre, je préfère être un peu couillon et vivre vieux qu’être le meilleur et partir le premier.

Pseudònim: Kiki


Mondes parallèles

Le Temps s’ennuyait. C’était une de ces périodes. Un entre-deux.
Hier, l’univers s’était éteint. Et c’était des choses qui arrivaient. Toute chose avait une fin. Même l’univers. Surtout l’univers. Hier, la dernière étoile s’était éteinte.
Il n’y avait pour ainsi dire plus de temps. Mais le Temps était toujours là.
Il savait que ça allait se relancer, qu’un nouvel univers allait se créer. C’était déjà arrivé beaucoup-beaucoup de fois. Et à chaque fois, l’attente entre les deux était longue. Affreusement longue.
Le Temps se leva, fit le tour de son bureau. Une fois, deux fois, trois millions cinq cent quarante-huit mille trois cent douze fois. Puis, il se rassit et fixa son attention sur le noir complet derrière la fenêtre.

Pseudònim: Kiki