Montréal

Il neige sans arrêt. Je regarde par la fenêtre : les flocons dansent avec harmonie. Le temps devient plus lent. Une sensation de calme m’envahit. Je prends une tisane, accompagnée du rythme doux du jazz. Trois heures plus tard, la tempête s’est arrêtée. La nuit est déjà tombée. Je prends mon manteau et sors sous la pleine lune. Je marche sur la neige vierge : crunch, crunch, crunch. J’adore le son de mes pas sur ce tapis blanc. Demain matin, les voisins et les passants courront — la neige ne sera plus si pure.
Mais pour l’instant, tout est silencieux. Je respire profondément. L’air froid pique un peu, mais il me réveille, me ramène à l’instant présent.

Geneviève

Vis à ma place

J’ai 13 ans et je ne survivrai sûrement pas jusqu’à mes 14.J’ai une maladie rare, même unique, personne n’ose dire le nom à voix haute, ils préfèrent l’ignorer faire comme si tout est normal, comme si ma vie n’était pas en danger constantement.Mais le pire c’est que personne ne peux rien faire, ni les docteur, ni moi, ni personne, on peut juste espérer que les bactéries prendrait son temps à dévorer mes organes.J’ai écrit cette lettre car je veux laisser une trace derrière moi, car je veux qu’on se souvienne de moi.Alors toi qui lis cette lettre, toi qui a toute ta vie devant toi, vis pour toutes les secondes que moi je n’ai pas pu.

Lavanda

L’Encre de l’Oubli

Chaque nuit, les vagues griffonnent des secrets sur les rochers. Je les observe du phare, mes doigts tachés d’encre. Depuis que les lettres ont cessé d’arriver, j’écris pour elles. Des mots que la marée emporte au petit matin.
Hier, j’ai trouvé une bouteille échouée. À l’intérieur, un mot : « Je t’attends. » Une écriture familière, effacée par le sel. Mes mains ont tremblé en reconnaissant le paraphe. Le mien.
Aujourd’hui, j’ai compris. Les vagues ne portent que nos propres murmures, transformés en échos. La mer est un miroir sans mémoire.
J’ai jeté toutes mes lettres. L’encre s’est diluée, serpent noir avalé par l’horizon.
Maintenant, je guette les courriers qui ne viendront plus. Mes doigts sont propres.
Mais la nuit, quand le phare s’éteint, je sens l’écriture revenir, invisible, sur ma peau.

Élise Vogue